Interfaces | La mobilité professionnelle en Europe se conjugue au pluriel à la fédération des MFR de Bourgogne-Franche-Comté

Interview de Jean-Yves MÉTIN, Chargé de mission Formation Continue – Qualité – EMA – Erasmus+ – Fédération Régionale des MFR de Bourgogne-Franche-Comté

Contact : jean-yves.metin@mfr.asso.fr

Pourquoi votre structure est-elle engagée dans la coopération européenne ? Quels programmes ?

La fédération régionale des MFR de Bourgogne-Franche-Comté porte un consortium Erasmus+ formation professionnelle à destination des établissements de la Région. Notre réseau est engagé dans la mobilité depuis 10 ans, au départ sur des projets Léonardo, puis Erasmus+.

Nous avons souhaité développer ce type de projet pour plusieurs raisons :

  • les jeunes en formation professionnelle ont très peu d’occasions de partir à l’étranger ;
  • le souhait de découvrir d’autres pratiques professionnelles en Europe.

Mais au-delà, le projet nous permet de travailler des thématiques très importantes : l’ouverture à l’autre, la prise de conscience de la citoyenneté européenne, la capacité pour ces jeunes de prendre de l’autonomie, de relever des défis… 

En réalité, les bénéficiaires de ce projet sont nombreux : on vise bien évidemment les élèves, y compris les apprentis et les stagiaires de la formation professionnelle. Nous envoyons également des jeunes qui viennent d’obtenir leur diplôme et qui souhaitent vivre une expérience de mobilité plus longue que l’on appelle les ErasmusPro. Concernant les personnels, tous sont concernés ! Bien évidemment les équipes pédagogiques, mais aussi tous les autres personnels.

Avec quels autres acteurs (associations, collectivités, institutions, entreprises, etc.) travaillez-vous pour mettre en place votre projet ?

Participer à ce type de projet nous permet aussi de nouer des relations partenariales en région. Pour preuve, il y maintenant 4 ans, nous avons pris la décision d’ouvrir le consortium à d’autres acteurs et tout naturellement nous avons proposé aux lycées de l’académie de Besançon d’intégrer le consortium. Un travail important a été réalisé avec l’accord de M. CHANET, recteur de l’académie de Besançon, et le service de la DRAREIC pour élaborer un partenariat fructueux… et les chiffres parlent d’eux-mêmes. De quelques MFR à ces débuts, nous comptons aujourd’hui 21 MFR dans le projet, 18 Lycées professionnels de la Région, les compagnons du tour de France de Mouchard, et le CRIJ. Nous comptons au total plus de 450 partenaires Européens. Avant la crise sanitaire, nous avions obtenu des financements pour l’année scolaire 2020-2021 permettant d’envoyer 647 jeunes en mobilité dans l’Europe en comptant des accompagnateurs, et également 219 mobilités pour le personnel avec un budget de plus d’un million d’euros.

Quels enseignements tirez-vous de cet engagement et de votre expérience dans ce domaine ? Quels ont été les effets et/ou impacts pour les principaux bénéficiaires du projet, pour vos structures et vos territoires ?

L’engagement dans ce type de projet est prenant, mais très gratifiant. Lorsque vous rencontrez des jeunes ou des adultes qui témoignent de leurs expériences, qui sont non seulement contents d’avoir relevé le défi de partir, mais qui rentrent plus forts, plus riches, plus matures, c’est très motivant tant pour les équipes pédagogiques qui font un excellent travail avec eux, que pour nous au niveau de l’équipe du consortium. Cela donne vraiment du sens à nos actions, et elles ont un impact réel et direct sur les bénéficiaires. Juste un chiffre venant d’une enquête que nous faisons auprès des familles dont les enfants ont bénéficié du programme Erasmus+ : 100 % affirment que les jeunes sont revenus plus autonomes et 97 % affirment que leur enfant est plus mature ! 

Quels conseils donneriez-vous à vos collègues du territoire qui s’intéressent à la coopération européenne ?

Ce n’est pas le moment de se replier sur soi. Ces projets de mobilité ne sont pas des voyages ou du tourisme. Ces projets ont un impact réel et durable sur les jeunes et les adultes qui en bénéficient, tant du point de vue de la maturité, que d’une capacité à s’adapter plus facilement à de nouveaux contextes, que pour le déblocage linguistique… sans parler du côté professionnel et de l’acquisition des nouvelles compétences. Bref ces projets ont fait leur preuve, et au lieu de se replier, il faut bien au contraire poursuivre ces efforts et les amplifier. Si des établissements veulent se lancer dans la coopération européenne, des dispositifs et des programmes existent. Dans ce cas, il pourrait y avoir deux possibilités : soit s’associer à des structures existantes (comme notre consortium), soit se faire accompagner par des structures qui connaissent bien les dispositifs et les programmes afin de ne pas trop vite se décourager.

Quelles seraient vos principales attentes quant au développement d’une dynamique collective en région autour des partenariats européens ?

Sur la mobilité de la formation professionnelle nous bénéficions d’une réelle expertise que nous pouvons mettre à la disposition des établissements qui le souhaitent, le consortium intégrant tous les ans des nouveaux établissements, et restant ouvert. Concernant une dynamique collective sur la mobilité, nous souhaitons nous y impliquer. De notre côté, nous avons la conviction que nous ne pouvons pas tout porter. Reconnaître les expertises dans certains domaines à d’autres organismes, et pouvoir même intégrer des projets peut être une réelle plus-value. Je pense par exemple au Corps Européen de Solidarité dont certains organismes maîtrisent les rouages du dispositif…

(+) d’infos : mfr-bfc.fr

Photo : © MFR BFC