Interfaces | Culture et patrimoine : la Bourgogne-Franche-Comté au cœur d’un réseau européen millénaire

L’abbaye de Cluny, aujourd’hui dans le département de la Saône-et-Loire, est le foyer d’un rayonnement d’abord régional, au cours du Xe siècle, puis européen, après l’an Mil, qui s’est traduit par la création et le développement de centaines et de centaines de monastères-bourgs sur tout le continent. Tous ces lieux étaient liés à Cluny spirituellement et juridiquement, politiquement et économiquement, socialement et artistiquement. Durant tout le Moyen-Âge, ces micro-sociétés clunisiennes, qui sont plutôt autonomes, fonctionnent comme autant de composantes d’un même territoire, archipel d’un même pays dont la capitale monastique est bourguignonne.

Cet archipel, il a fallu le reconstituer, au XXIe siècle. On le trouve aujourd’hui sur la carte numérique clunypedia.com, qui présente plus de 2 000 endroits dont les liens avec Cluny sont avérés. Ce work in progress est le fruit d’une collaboration internationale mise en place par la Fédération Européenne des Sites Clunisiens (FESC) qui, durant 6 années, a croisé les données de plusieurs historiens et chercheurs universitaires pour établir une cartographie complexe mais efficace. Cet outil de recherche unique associe tous les sites membres du réseau clunisien, répartis dans 7 pays : Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, Pologne et France.

Le phénomène clunisien ayant marqué l’histoire de l’Europe, la Fédération – qui est certifiée depuis 2005 par le Conseil de l’Europe comme « Itinéraire culturel » – a mis en chantier le projet d’une candidature UNESCO pour une liste internationale de sites clunisiens aux côtés de Cluny. Elle travaille depuis 2018 à rendre cette candidature complexe possible et le pré-dossier sera prêt pour le tout début de l’année 2021. La perspective fixée est de constituer le dossier de la candidature d’ici 2023 et d’identifier les sites clunisiens susceptibles de figurer sur une liste, où qu’ils se trouvent en Europe. La Bourgogne-Franche-Comté se retrouvera ainsi de nouveau au cœur d’une démarche patrimoine inédite, qui fera parler d’elle au cours de la décennie à venir.

Ces deux projets emblématiques – Clunypedia et UNESCO – ne sont possibles que parce que la Fédération, association de loi française, puise sa raison d’être dans l’histoire de notre territoire et dans le patrimoine qui nous en est parvenu jusqu’à aujourd’hui. Leur valorisation scientifique, culturelle et touristique doit d’emblée être envisagée à l’échelle européenne pour être pertinente et efficace.

Le réseau clunisien de 200 sites – constitué de 150 communes françaises, suisses, italiennes, allemandes et espagnoles – regroupe plusieurs collectivités territoriales départementales et régionales, une vingtaine de propriétaires privés, 44 associations culturelles et touristiques et d’une centaine de personnes physiques sympathisantes. Toutes travaillent à des actions communes, qu’elles enrichissent depuis 26 ans dans le cadre de projets européens coordonnés par une équipe de plusieurs salariés, travaillant au siège de la FESC, à Cluny.

Le mode de gouvernance en place est souple, puisqu’il répond aux seules exigences requises par une association, et il repose sur un conseil de 15 administrateurs de 6 nationalités, dont la présidence est assurée depuis 2017 par Rémy Rebeyrotte, représentant d’Autun. Il est assisté par un Bureau constitué d’un vice-président espagnol, d’un trésorier suisse et d’une secrétaire auvergnate, qui travaillent en lien avec le directeur de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens, Christophe Voros, et son équipe salariée.

Le territoire de Bourgogne-Franche-Comté occupe une place-clé dans le dispositif des actions internationales coordonnées par la FESC. D’une part, en contribuant directement à certains projets de grande envergure – comme la démarche d’inscription auprès du Patrimoine mondial ; mais aussi en ayant signé, en 2018, une convention d’objectifs avec la Communauté autonome de Castille et León, membre de la Fédération, pour la valorisation commune et concertée du patrimoine clunisien de leurs territoires respectifs.

La Région s’est ainsi engagée, comme partenaire et comme soutien, dans une dynamique originale, qui portera ses fruits à moyen et à long terme, à l’issue d’un processus nécessitant du temps pour mobiliser les acteurs de plusieurs dizaines de régions européennes. Elle en récoltera néanmoins les fruits, aussi bien directement sur son territoire, que sur le plan de son image nationale et internationale.

Par Christophe VOROS, Directeur de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens

Contact : direction@sitesclunisiens.org

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